Mar
Rencontre autour de "Fascisme Tardif" avec Alberto Toscano et le traducteur
Nous continuons notre cycle sur la fascisation en cours, avec le lancement de la traduction française de l'incroyable "Fascisme Tardif" d'Alberto Toscano!
Mercredi 12 à 19.00 à la Parole Errante, 9 rue François Debergue à Montreuil (93100) avec Alberto Toscano par visio et Antoine Savona (le traducteur) sur place.
" Dans sa Psychologie de Masse du Fascisme, Whilhelm Reich était sans appel: “les partis marxistes européens ont fait faillite et ont péri (et je dis cela sans la moindre joie malsaine) parce qu’ils avaient tenté de cerner intellectuellement le fascisme du XXe siècle par des notions tirées du XIXe”. Quel intérêt, dès lors, les théories du XXe siècle pourraient-elles avoir pour nous aider à comprendre le fascisme du XXIe?
C’est à cette question - plus délicate qu’il n’y paraît - que tente de répondre Alberto Toscano. Lecteur boulimique et appliqué, celui-ci nous fait explorer des paysages théoriques aussi riches que variés, bien au-delà des historiens attendus (ce qui n’empêchent pas les travaux de Paxton, Chapoutot ou Gentile de trouver leur place dans le livre). De l’école de Francfort (Adorno, Benjamin et Marcuse en tête) à la pensée radicale noire (de Césaire à Davis, de Du Bois à Jackson), des marxistes hétéroclites (Polanyi, Bloch, Sohn-Rethel, Lefebvre) en passant par une foule d’autres (Griffin, Jesi, Foucault, Deleuze et Guattari, Theweleit ou Macciochi) l’érudition ahurissante dont il fait montre est loin d’être gratuite.
Refusant de céder à “la tentation de l’analogie historique” qui résumerait le fascisme à une liste de critères ou d’étapes, Toscano nous invite à le penser comme un processus, un potentiel toujours déjà présent des sociétés libérales. Qu’il s’agisse de lignes géographiques à fortifier ou de clivages raciaux, genrés ou sexuels à imposer de plus en plus brutalement, ce “fascisme de la frontière” entend bien reprendre contrôle de l’espace et des corps, d’une façon qui le rend de moins en moins distinguable de l’extrême centre qui prétend lui faire barrage. Enraciné dans un capitalisme racial et patriarcal au coeur duquel il prolifère, on ne saurait le combattre sans en attaquer les sources.
“Qui ne veut pas entendre parler d’anticapitalisme devrait aussi se taire sur l’antifascisme. Celui-ci ne peut se résumer à résister au pire, mais sera au contraire toujours inséparable de la construction de formes de vie à même de défaire les visions mortifères à base d’identité, de hiérarchie et de domination que la crise du capitalisme vomit à intervalles réguliers.”

Mar