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Rencontre avec Bernard Aspe autour de "La Division Politique"
"Ce livre propose deux gestes symétriques pour clarifier le rapport entre philosophie et politique : d’une part les aborder comme deux régimes de pensée hétérogènes. D’autre part montrer que leur articulation est nécessaire, et que c’est de cette articulation seulement que peut naître une approche féconde de la situation que nous vivons aujourd’hui. Ce double geste ne relève en aucune manière de la discipline nommée « philosophie politique ». Les tenants de cette discipline veulent ignorer qu’il n’y a de politique que là où l’évidence supposée du cours des choses est contestée, et où sont combattues les décisions prises par ceux qui nous gouvernent. Dans la mesure où le pouvoir de ces derniers repose sur une confiscation du sens même de « politique », toute politique effective se caractérise avant tout par le fait qu’elle doit se battre pour se faire reconnaître en tant que telle. C’est là une des figures de la division politique, entendue comme conflictualité — entre des manières de voir, de faire, de penser irréconciliables —, qui est à la fois le point de départ et le cœur de toute politique ; conflictualité qui, dans sa partialité même, est condition de la clarté, car le « tout » se voit depuis la division."
La Parole Errante accueille depuis déjà plusieurs années une fois par mois le séminaire de philosophie politique de la division politique. Ce séminaire a été initié par Bernard Aspe et Patrizia Atzei, éditrice aux éditions Nous qui ont publié cet hiver de publier un ouvrage de Bernard Aspe, La Division politique, livre qui condense une grande partie de sa réflexion au fil des années dans ce séminaire. Nous vous invitons, au lendemain d’une nouvelle séance du séminaire (mardi 11/02 à 18h30) à discuter des hypothèses de ce livre à 19h ?. D’autres rencontres ont déjà eu lieu sur ce livre (à Parchemins notamment) et un lundi soir y a été consacré : https://lundi.am/Ce-qu-il-manque-c-est-un-espace-revolutionnaire-une-discussion-avec-Bernard.
La Division politique s’inscrit dans les coordonnées historico-politiques de la situation présente. Nous vivons dans le monde qui a vu échouer le mouvement ouvrier, ainsi que le projet de celui-ci : le communisme. Ce triomphe de l’état actuel des choses est un cauchemar éveillé, qui semble ne devoir s’interrompre qu’avec un véritable déluge, la fin de toute chose. Le monde que les militants du Capital s’acharnent à maintenir ne pourra que s’effriter sous nos pieds. Mais rien ne nous oblige à laisser l’Histoire livrée à elle-même. Des cendres du XXème siècle ont émergé de multiples sites de conflictualité (genre, race, écologie, grèves et refus du travail…) qui témoignent, dans les coordonnés qui leur sont propres, d’une véritable opposition au monde imposé par les militants de l’économie. Si cette multiplicité des luttes, qui ont en partage leur commune incommensurabilité, est une force considérable, le livre esquisse une proposition de méthode vers une exigence de transversalité, une forme de force supplémentaire qui tout en nous donnant plus de force face à nos ennemis n’en viendrait pas moins nourrir le feu des multiples foyers autonomes de lutte.
L’ouvrage dessine les contours d’une hypothèse communiste pour le présent, à partir d’un refus de la mise au travail, refus depuis lequel nourrir un antagonisme susceptible de démanteler le monde de l’économie, tant dans ses matérialités, que sur le plan des prises subjectives qu’il trouve en nous. Différents chapitres du livre reviennent sur l’héritage des marxismes, des politiques minoritaires et de la psychanalyse, et proposent une clarification conceptuelle à même d’ouvrir de nouvelles perspectives pour des politiques révolutionnaires désirables, en mesure d’aborder une partie de ce qui manque pour rouvrir un espace politique révolutionnaire.

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