La Parole Errante

Communiqué


Floralie Resa à propos de l’attaque transphobe de sa pièce

Dimanche 29 Juin, la pièce « Te lécher jusqu’à m’étouffer, la bite des meufs et le lesbianisme » a fait l’objet d’une lecture théâtrale lors du festival Les Corps Lesbien·nes, qui se tenait à la Parole Errante.

Voici le communiqué de l’autrice de la pièce, Floralie Resa.

« À Montreuil, une pièce sur la transphobie et la biphobie visée par une attaque transphobe.

Le dimanche 29 juin, la pièce « Te lécher jusqu’à m’étouffer, la bite des meufs et le lesbianisme » a fait l’objet d’une lecture théâtrale au festival Les Corps Lesbien·nes.

J’y jouais avec la comédienne transgenre Alice Manuel Lopez Djebli.

La pièce traitait de la stigmatisation qui vise les femmes trans en couple lesbien. Ce texte abordait également la biphobie et la bisexualité en général.

À 30 minutes de lecture, un individu caché dans le public a fait irruption sur scène et a répandu de la peinture rouge en criant « Ça suffit ! Libération homosexuelle ! »

L’individu a revendiqué une action inspirée des procédés des militants d’Act’Up qui utilisaient dans leurs happenings de la peinture rouge, symbolisant le sang des victimes du VIH sur les mains des responsables de la crise du SIDA. Il a expliqué que la pièce promouvait des pratiques oppressives envers les femmes lesbiennes.

L’équipe de bénévoles du festival a escorté l’individu hors du festival.

La pièce avait également fait l’objet de tweets haineux le mois précédent, ainsi que d’un collage transphobe le matin même dans la rue du festival. J’avais personnellement reçu plusieurs messages de femmes m’expliquant que les lesbiennes n’aimaient pas les penis, ou encore que c’était lesbophobe que je force les lesbiennes à accepter les femmes trans dans leurs espaces. Nous avons été programmées par les Corps Lesbien·nes, nous n’avons forcé personne, et le festival s’est montré soutenant. Je n’ai personnellement aucun doute sur le soutien de la communauté lesbienne concernant cette pièce.

Malgré l’interruption, nous avons décidé de finir la pièce.

Je remercie infiniment le public et le festival les Corps Lesbien·nes pour leur soutien, leur intervention pour faire sortir le militant anti-trans, pour l’espace de parole qui a été donné à Alice pour échanger après cet événement.

Assimiler la présence des femmes lesbiennes et bisexuelles trans dans l’espace lesbien à une menace est violent.

Alice Manuel Lopez Djebli ne méritait pas ça. Les femmes trans présentes dans le public ne méritaient pas ça. Les organisateurices du festival ne méritaient pas ça. Bien sûr à titre personnel, je ne crois pas que je mérite non plus de me retrouver à lire ma pièce dans une mare de peinture rouge, parce que je parle de la femme que j’aime en public.

Alors je partage avec vous ce que nous disions quand nous avons été interrompues…

« En 2022, les groupes américains d’extrême droite ont dépensé 6 millions de dollars de publicité anti trans pendant la campagne électorale. Si vous vous demandez si on n’en parle pas un peu trop, si on est du bon côté de l’histoire, si il n’y a pas un peu de victimisation de la part des meufs trans, de ce que je lis et vois depuis 5 ans, je pense que je ne pourrai pas me regarder dans la glace dans 15 ans si aujourd’hui je ne participe pas à l’effort militant contre la désinformation TERF et fasciste, sachant le nombre de femmes trans que je côtoie. » (Extrait de « Te lécher jusqu’à m’étouffer, la bite des meufs et le lesbianisme », Floralie Resa)

Merci Alice Manuel Lopez Djebli, Ariane Eolac et Flor Paichard pour votre implication dans ce projet. Je ne sais même pas si je peux dire le nom complet des femmes trans qui m’ont aidée et ont relu mon texte et si je vais les mettre en danger. Alors je ne dirai que leurs prénoms : merci Joanna, Louise et Scylla.

Merci à l’intégralité des bénévoles du festival Les Corps Lesbien·nes pour votre intransigeance face à la haine contre les femmes trans.

Merci au public de cette représentation, pour votre écoute et votre empathie.

Merci Micha d’être qui tu es. Je suis tellement désolée que tu vives dans ce monde. »

22 mai 2024
22 mai 2024

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