La Parole Errante

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17
Oct

L'Empire n'a jamais pris fin de Pacôme Thiellement

19:00 - 21:00
Café Librairie Michèle Firk

Pourquoi diable refaire encore une autre histoire de France ? Que s'est-il passé de si notable sur ce bout de territoire qu'il dû être radoté à répétition ? Heureusement pour nous les ambitions de Pacôme Thiellement sont infiniment plus riches. Touche-à-tout éclectique, après s’être attaqué au cinéma de Lynch, à la musique de Zappa, à la littérature et à la gnose (et à tout un tas d’autres choses), le Gandalf des internets nous propose ici sa réinterprétation du roman national.

« Le Christ contre César. Tel est le récit sous-jacent rapporté à travers les âges, depuis deux mille an et qui en même temps, n'est jamais rapporté. » écrivait Philip K. Dick dans son Exégèse. C'est ce récit ésotérique que Thiellement reprend comme fil rouge de son histoire de France. Pour lui comme pour K. Dick, César c'est la synecdoque des rois, grands et petits, des administrations et de leurs décrets, des prêteries et de leurs hiérarchies. C'est le nom de de tous les régimes, de toutes les pulsions de gouvernement, celui des promoteurs de l'Empire. A l'inverse, leur Christ est émancipateur et prêche le refus du pouvoir avec pour seule ambiton de vivre une vie qui vaille la peine d'être vécue.

C'est donc une double histoire que nous raconte Thiellement. Celles des Césars, bien-sûr, du modèle original qui trucida la moitié des Gaules par carriérisme, aux différents rois de France, butors bornés, cupides et veules. Mais aussi celle de ceux qui leur ont résisté et auront tenté de leur opposer une autre logique – des Bagaudes aux Cathares. Parfois les deux en même temps, comme lorsqu'il parle de la puissance subversive du message christique et de sa capture institutionnelle par l'Eglise qui lui fera dire l'exact opposé de ce qu'il affirmait afin de resserrer son étreinte sur les corps et les âmes.

Dans l'Evangile selon Jean, Jésus confie ne pas prier pour le monde. A ceux qui, se sachant haïs du monde car n'étant pas de celui-ci, il intime : « Prenez courage, j'ai vaincu ce monde. » Quant à savoir ce à quoi ressemblait cette victoire, Thiellement nous racontait déjà dans La Victoire des Sans Roi : « Si la divinité est sans pouvoir, il faut se faire soi même puissance sans pouvoir. Si la divinité est invisible il faut se faire soi-même imperceptible. » Vaincre le pouvoir ce n'est donc pas le remplacer, mais s'y dérober. Loin de faire une énième histoire de France, Thiellement continue donc d'animer cette tradition qui, à la suite du Christ, demande de nous des miracles : « Si vous aviez la foi, et que vous ne doutiez point, quand vous diriez à l'abject du monde : Ôte-toi de là, et jette toi dans la mer, cela se ferait. »

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