K-Punk : musique, culture et politique chez Mark Fisher
« Mark Fisher, c’est quelqu’un qui est né à la fin des années 1960. Ça veut dire qu’avant d’avoir 20 ans, il a vu toutes les défaites possibles de la classe ouvrière. Il a vu – comme enfant et puis comme adolescent – le début des années 80, il a vu la grève des mineurs, il a vu l’Angleterre et le pouvoir ouvrier se faire laminer. Il faut donc imaginer qu’au moment où il va se mettre à faire ses recherches intellectuelles, il a déjà assisté à ce moment de restructuration extrêmement violent du passage des années 1960-70 aux années 1980, avec le thatchérisme bien évidemment. Donc dès le départ, il y a quelque chose qui est de l’ordre du trauma politique. Et quand il parle de Joy Division et du désespoir qu’on peut ressentir à 13 ou 14 ans dans la Grande-Bretagne du début des années 1980, il rend compte d’une expérience quotidienne. Donc ça va revenir dans ses lectures et interprétations politiques. Et quand on essaie de comprendre comment il filtre la question du rapport entre le passé, le présent et la possibilité du futur, il faut donc garder à l’esprit que c’est quelqu’un qui a traversé cet arc de temps particulier, à cet endroit géographique et de classe. » (Julien Guazzini, traducteur de K-Punk aux éditions Audimat)
